WORKPLACE ET LE BIEN-ÊTRE  
FM Magazine 18 – juin 2019

La métamorphose ‘The Happiness Factory’

Le siège suédois de Coca-Cola European Partners

En 2014, Coca-Cola European Partners (CCEP) décidait de transformer le siège suédois établi dans la banlieue de Stockholm en un environnement de travail qui honore les plus de 130 ans d’histoire et l’image de la marque. L’indice Leesman a été appliqué pour les mesures avant/après et le bureau de consultance ‘GoToWork’ s’est chargé du développement et du suivi des stratégies pour les postes de travail.

Peu de choses sont aussi reconnaissables que la petite bouteille en verre de Coca-Cola. Une ‘unicité’ que CCEP voulait accentuer sur le lieu de travail.

L’immeuble de bureaux date des années quatre-vingt. Il comptait à l’époque 150 locaux individuels reliés par de longs couloirs gris. L’environnement de travail était perçu comme ‘ennuyeux’ et ‘désordonné’. Des échantillons de produits étaient dispersés ici et là, sans qu’on les remarque. Le look & feel ne correspondait plus au présent ni à l’image de la marque. Pourtant, les jeunes suédois continuaient de désigner l’entreprise comme employeur préféré.

Karin Ståhl, stratège en poste de travail chez ‘GoToWork’ a été impliquée dans la supervision du nouvel agencement et la gestion du changement. « Les étages semblaient vides, même lorsqu’il y avait des personnes », se souvient Karin Ståhl à propos de l’état d’origine. « Les collaborateurs pouvaient se déplacer dans le bâtiment sans que quelqu’un ne le remarque. Tous les membres du personnel, quel que soit leur l’âge, ressentaient l’absence de lien à une communauté et un manque de collaboration mutuelle. La mesure Leesman n’a donné que 40% de satisfaction. »

Le score total de l’analyse Leesman était de 56,0 points seulement, soit 5 points de moins que la moyenne de l’indice Leesman et 16,7 points de moins que la moyenne de la classification Leesman+ qui sert de référence pour les meilleurs postes de travail dans le monde.

« C’est pour moi une référence absolue. Les différents concepts et composants qui ont émergé en concertation avec les utilisateurs ont généré un processus exclusif. »

Karin Ståhl, stratège en poste de travail chez ‘GoToWork’

Sur site

Le plus grand groupe de collaborateurs avait plus de douze ans d’ancienneté et cela aurait pu constituer un obstacle majeur face aux changements envisagés. D’autre part, il était exceptionnel d’avoir un siège annexé à un site de production et de distribution, ce qui excluait tout déménagement. « Nous avons pris le temps de réfléchir à la manière de réagencer le lieu selon les objectifs de l’organisation », détaille Karin Ståhl. « Ensuite, une vision a été dégagée sur la manière dont le travail pouvait être idéalement facilité, ce qui a résulté en une réinvention de la relation entre les collaborateurs et leur environnement de travail, et une focalisation sur l’activity-based working (ABW), un environnement de travail flexible et numérique. Le facteur ‘fun’ était essentiel au déploiement du projet. »

Karin Ståhl a dirigé des ateliers de réflexion sur les postes de travail du futur. Des concepts ont émergé autour de l’expression des marques dans la décoration intérieure qui intègre des éléments de la nature suédoise.

Des ‘Champions’ – des collaborateurs, pas de managers – ont été désignés comme ambassadeurs du projet. L’apport des collaborateurs formait la base du développement du nouvel agencement, de la manière de travailler et du processus de changement. « C’est finalement le CEO, Pierre Decroix, qui a pris les devants en abandonnant son bureau et en encourageant les collègues à faire de même », souligne Karin Ståhl. « C’est ce qui a vraiment mis le projet sur les rails ».

Les collaborateurs découvraient le projet lors de réunions, de séances ‘lunch & learn’ et d’ateliers durant lesquels les résultats des mesures Leesman étaient discutés.

Des bungalows de vacances

Le déploiement a commencé en août 2016 et signifiait le déménagement temporaire vers des bungalows et des postes de travail improvisés au centre des visiteurs. « Il n’y avait pas assez de place pour tout le monde, ce qui a entraîné l’activation prématurée de l’ABW », se souvient Karin Ståhl. « Des séances de nettoyage étaient organisées et présentées comme de courtes vacances, mais elles visaient à faire réfléchir sur ce qu’il fallait emporter physiquement, mentalement et comportementalement vers le nouveau poste de travail. Tout le monde a été invité à apporter une valise pour emballer ses affaires pour le déménagement temporaire. »

Le déploiement du projet a duré environ huit mois et a consisté à vider le bâtiment et à installer les nouvelles techniques (HVAC), le nouvel agencement de bureaux et la décoration. Un jeune artiste en graffiti local a été engagé pour dynamiser le rayonnement de la marque.

Lors des phases difficiles, les collaborateurs étaient invités à un petit-déjeuner, ce qui était très apprécié. Le jeudi, on discutait des plans autour de sandwichs et de fruits frais.

Deux étages ont été aménagés avec un mix de postes de travail, de salles de réunion, de tables d’équipes et de zones de détente. Les postes de travail de concentration se trouvent au centre des plans d’étage : au plus on se dirige vers le centre de l’étage, au plus c’est calme. Finalement, sept espaces fermés sont prévus pour les membres de la direction en cas de besoin car le CEO actuel a abandonné son bureau, mais dans la pratique, ils servent de salles de réunion.

Revirement

A l’issue du projet court mais intense de huit mois, la mise en service définitive du nouvel environnement de travail a eu lieu en février 2017. « Dès le premier jour, tout était axé sur le côté ludique et la gamification », poursuit Karin Ståhl.

Mais la mesure Leesman après projet allait livrer la preuve décisive : la satisfaction globale a augmenté de 28 points pour atteindre un total de 84,4, un score jamais atteint depuis l’introduction de l’indice Leesman, et 9,7 points de plus que la moyenne de la classification Leesman+!

Si dans l’ancien environnement de travail, seuls 33,5% des collaborateurs étaient prêts à recevoir des visiteurs, ils sont aujourd’hui 95,8% à en être fiers et à vouloir le montrer.

Coca-Cola European Partners a baptisé l’immeuble ‘The Happiness Factory’. Avant, l’agencement était plus rude, comme si le bâtiment abritait une usine. Aujourd’hui, tout est plus soft. Pas de bling bling, mais de la fraîcheur, de l’ordre et beaucoup de confort. La couleur est appliquée en tant que signalisation intégrée et donne une impression tridimensionnelle au bâtiment. « L’imagination derrière ce projet fait de cet immeuble de bureaux un Happiness Factory », conclut Karin Ståhl.

Par Eduard Coddé

Photos Hannes Söderholm


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