WORKPLACE ET LE BIEN-ÊTRE  
FM Magazine 22 – juin 2020

L’homme et le robot se renforcent mutuellement

La technologie joue un rôle de plus en plus important dans le Facility Management actuel et futur entend-t-on souvent dans les congrès. La digitalisation, l’IoT et la robotique y sont évoqués dans le même souffle. Mais pour avancer ces concepts en tant que technologie applicable, il faut une variété de spécialistes.

Jelle Saldien, professeur associé au groupe de recherche interdisciplinaire imec-mict-ugent et affilié au Département Industrial Systems Engineering and Product Design (Campus Courtrai), nous en dit plus sur le monde des robots. « Un robot peut être physique ou logiciel, et l’intelligence artificielle (IA) joue un rôle majeur car le robot doit pouvoir prendre des décisions de manière autonome. »

Aujourd’hui, les robots développés sont principalement des machines autonomes qui réalisent des tâches ennuyeuses, sales ou monotones pour l’homme. Le travail est rapide, précis et continu.

 

Dans l’avenir, l’accent sera davantage mis sur le rôle d’assistance par rapport à l’homme. Jelle Saldien: « L’homme est plutôt faible quand il s’agit de mémorisation et d’exécution de tâches précises et répétitives. C’est là que le robot entre en jeu, tandis que l’homme est fort en créativité et en adaptabilité. Jadis, l’homme essayait d’acquérir le plus de connaissances possible alors qu’aujourd’hui, on recherche de l’information sur internet et on dispose rapidement de plus de connaissances qu’auparavant. »

Trois groupes

A l’instar de tout changement, les nouvelles technologies font peur. L’Europe reste réticente à l’égard des robots et de l’IA. Mais les nouvelles technologies sont en marche. Il s’agit de créer un modèle d’affaire qui soit au service de la société. Jelle Saldien distingue trois groupes de robots: les industriels, les professionnels et les robots personnels. Les robots industriels sont connus grâce notamment à l’assemblage automobile. Durant la période 2016-2017, leur nombre dans le monde a augmenté de plus de 30% d’après l’IFR (International Federation Robots). Les robots professionnels ont connu la plus forte augmentation avec plus de 85%, tandis que 25% de robots personnels en plus sont entrés en action.

Pour les robots industriels, la moyenne mondiale est de 85 par 10.000 travailleurs industriels. La Belgique occupe le 9ème rang mondial avec 192 par 10.000. Le prix de revient des robots industriels a diminué drastiquement suite à la part importante de la production chinoise, ce qui accélère les applications.

Jelle Saldien souligne que l’homme reste indispensable pour développer les logiciels et dédier les robots aux tâches. « Contrairement aux ordinateurs, la plupart des robots sont des produits sur mesure destinés à des tâches spécifiques. C’est le logiciel qui détermine la personnalisation. »

Les robots de traite ouvrent la danse

Les premiers robots professionnels étaient les robots de traite, suivis des robots de nettoyage. On assiste aujourd’hui à une forte progression des robots dans le secteur logistique, suite notamment à la croissance explosive du commerce électronique. Les avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle est ‘l’accélérateur’ qui a un impact majeur sur la percée des robots. Les robots peuvent être auto-apprenants en les connectant au cloud. L’acquis est partagé avec d’autres robots. Le ROS (Robot Operating System) est la principale plateforme de développement logicielle pour robot et elle est depuis peu aussi soutenue par Windows et Amazon Web Services, tandis que Google possède sa propre structure – Google Cloud Robotics Platform – qui intègre notamment Google Maps. Jelle Saldien conclut: « Il est essentiel de toujours partir d’un problème humain pour développer des robots. Le développement est induit par la demande. La Belgique se positionne sur la carte avec le développement intelligent de logiciels et la consultance en automatisation. »

Un besoin en spécialistes

Nous avons découvert une des rares possibilités de formation dans le pays à la Karel de Grote Hogeschool Antwerpen (KdG), qui est intégrée dans le trajet de bachelier professionnel en multimédia et technologie de communication. Kevin Van Oevelen, head of education NxT media technology: « Nous visons à la fois un développement de l’aspect technologique et créatif dont l’objectif est l’application pratique de diverses spécialités. En deuxième année, les étudiants choisissent des spécialités qui leur plaisent, comme créateur d’expérience utilisateur/interface utilisateur, développeur 3D pour l’environnement RV (réalité virtuelle, ndlr), développeur web, création d’effets visuels 3D, … « Certaines combinaisons offrent de très bonnes perspectives d’avenir comme l’expérience utilisateur avec NxT media maker. »

Diverses spécialités sont rassemblées pour réaliser un robot en tant que produit fini. La programmation pour un usage pratique prend énormément de temps, et est donc coûteuse. Outre le programme de formations, la Karel de Grote Hogeschool Antwerpen possède un programme de recherches. Ivan De Boi, chercheur dans le domaine de l’intelligence artificielle, se focalise sur le développement d’outils pour les développeurs 3D afin d’accélérer l’intégration de l’IA et abaisser le seuil du prix de revient élevé.

« L’intelligence artificielle est l’une des principales spécialités technologiques pour déployer utilement les machines/robots dans la vie quotidienne », explique Kevin Van Oevelen. « Avec l’IA, vous pouvez reconnaître des modèles dans les processus de nettoyage et les rendre plus efficaces et de meilleure qualité. Mais l’IA a aussi du potentiel dans les petites choses, comme les poubelles intelligentes. »

Actuellement, l’IA est souvent appliquée aux données générées qui sont envoyées sur le cloud via IoT pour y être traitées. L’avenir est ‘AI on the edge of microcontrollers’, les robots pourront agir de manière autonome. Kevin Van Oevelen conclut: « Les robots sont perçus comme des assistants, ce qui est idéal pour réaliser les tâches répétitives de l’homme qui peut alors se concentrer sur la créativité et le cœur de métier d’une organisation. »

Le coeur et l’âme de Pepper

Le fameux robot Pepper est aujourd’hui utilisé dans le secteur facilitaire. Il a vu le jour en 2015 et en est à sa neuvième version. Roeland van Oers, cofondateur et directeur de Welbo: « Le robot n’est finalement qu’une statue qui prend vie avec le logiciel. Via nos développements, nous nous focalisons aujourd’hui sur la fonction d’hospitalité et d’accueil. » Le logiciel qui donne vie au robot attire les personnes, les informe et collecte des données pour améliorer la prestation de service. Roeland van Oers: « Le logiciel envoie le robot vers le visiteur, il peut coupler des rendez-vous dans l’agenda du robot pour personnaliser l’accueil… Le robot est infatigable, il indique convivialement le trajet à suivre jusqu’à salle de réunion… plusieurs centaines de fois s’il faut. Les conversations entre le robot et le visiteur sont converties en un document textuel en vue d’un rapport et d’une analyse ultérieure pour affiner le processus d’amélioration. »

Welbo travaille avec les mêmes éléments logiciels constitutifs qui sont déployés différemment pour chaque client, selon les besoins définis au préalable. « Le robot est considéré comme un collègue de la/du réceptionniste, ce qui est différent de la tablette ou d’un enregistrement à faire soi-même au comptoir », souligne Roeland van Oers. « Pepper ne remplace pas un humain mais les ordinateurs derrière lesquels le/la réceptionniste se cache. » En tant que robot dédié à l’hospitalité, Pepper ne fait pas le travail de l’humain mais il le complète en allant à la rencontre du visiteur, en engageant la conversation et en l’introduisant au/à la réceptionniste. Roeland van Oers parle de ‘waitertainment’. Une autre approche est celle où le premier accueil a lieu par le/la réceptionniste qui demande ensuite au visiteur de s’enregistrer auprès d’un collègue (lisez : Pepper).

Welbo ne considère pas Pepper comme un produit mais un modèle de leasing où le logiciel est adapté en permanence aux derniers développements et/ou pour que le robot puisse répondre aux nouveaux besoins en matière de politique d’accueil d’une organisation. « La reconnaissance audio-visuelle évolue très rapidement », souligne Roeland van Oers.

Plus d’efficacité et de valeur ajoutée dans le nettoyage

Les technologies de nettoyage et de robotique ont fusionné en 2019 avec l’introduction du Nilfisk Liberty SC50 sur le marché Benelux. Karl Baillius, sales manager chez Nilfisk EMEA South – Belgium: « Cette autolaveuse autonome lave et sèche et est idéale pour nettoyer les grandes surfaces. Le choix est principalement déterminé par le rendement réalisable. Nous la considérons comme un co-robot, un assistant au technicien au nettoyage, certainement pas son remplaçant. »

La machine supprime la monotonie du travail bien présente dans le nettoyage des grandes surfaces. Le fonctionnement 100% autonome permet au technicien de nettoyage de se concentrer sur d’autres tâches (de nettoyage) qui ont une valeur ajoutée supérieure, l’interaction entre le robot et l’humain générant alors une productivité accrue. « L’homme et la machine sont complémentaires », poursuit Karl Baillius. « La machine peut nettoyer un hall de sport pendant que le technicien de nettoyage se charge des vestiaires. »

Les principaux avantages liés à l’utilisation de la machine sont une autonomie de 5,5 heures avec une seule charge de batterie, un réservoir d’eau pour 2,5 heures de nettoyage à un débit d’eau de 100%, ce qui n’est utile qu’en cas d’encrassement important. La machine fournit de l’information à l’utilisateur lorsqu’une tâche est terminée ou lorsqu’un remplissage est requis. L’intégration de lentilles de capteur de vision 3D, d’un capteur de cartographie 2D et de capteurs de profondeur et infrarouges augmentent l’efficience mais aussi la sécurité pendant l’entretien des sols. L’entreprise Nilfisk est fière d’être actuellement la seule à être certifiée en sécurité par un tiers indépendant. Karl Baillius: « Aucune intervention des informaticiens n’est nécessaire pour démarrer le robot. Plusieurs niveaux d’autorisation préviennent l’application de paramètres erronés. Le réglage CopyCat répète un itinéraire programmé à la perfection pour des prestations uniformes garanties pour chaque tâche de nettoyage répétitive. Le réglage Fill-in sert à marquer le contour de la surface à nettoyer. Bien entendu, un réglage manuel est nécessaire comme pour toute autolaveuse conventionnelle. » TrackClean enregistre les données d’utilisation pour une surveillance fiable de la machine. Le portail en ligne peut être consulté 24/7 sur une tablette, un smartphone ou un pc et donne un aperçu de l’utilisation/l’arrêt, les notifications d’erreur, l’historique de maintenance, … pour optimiser le parc machines.

Guider les individus dans le changement

Karin Valckenier est responsable du service de nettoyage de l’AZ Maria Middelares à Gand, un hôpital de taille moyenne de 641 lits et d’une superficie de 64.800 m². Sa principale préoccupation est d’offrir un soutien permanent aux collaborateurs dans l’exécution de leurs tâches. Ce fut le point de départ du trajet préliminaire qui a conduit à l’achat d’une autolaveuse Nilfisk. Karin Valckenier: « Faciliter les tâches et augmenter la qualité du résultat de nettoyage sont une priorité pour mettre en œuvre le changement. Quand les avantages d’un changement envisagé deviennent évidents, la résistance disparaît spontanément. »

Deux ans d’analyse approfondie et une concertation avec les collaborateurs ont précédé le choix final. « La décision est fondée sur une qualité de nettoyage supérieure, l’aspect hygiénique, la possibilité d’utiliser la machine manuellement, la complémentarité avec les collaborateurs », résume Karin Valckenier. « Un autre facteur décisif fut la possibilité de réaliser un mapping des lieux en interne, sans faire appel à un programmeur externe, pour apprendre d’autres tâches au robot de nettoyage. » A l’AZ Maria Middelares, le robot est mis en œuvre dans des zones moins fréquentées. L’expérience pratique a appris qu’il est utile de préparer les surfaces à nettoyer pour un délai maximum d’une heure. Il y a ensuite une interaction avec le technicien de nettoyage pour un contrôle rapide, le remplissage des liquides et le robot commence une nouvelle tâche d’environ une heure.

Karin Valckenier: « Il faut bien réfléchir à l’avance à l’utilisation du robot et à la collaboration avec les personnes. Cela augmente l’acceptation et conduit à un meilleur résultat de nettoyage. En outre, il y a toujours de la place à l’amélioration, et le mapping peut être optimisé. »

Par Eduard Coddé

ea18.ugent.be

biblio.ugent.be/organization/TW18  

biblio.ugent.be/person/000151342127 

www.kdg.be/nxt-media-technology

www.welbo.eu

www.nilfisk.com

www.mariamiddelares.be/nl/

 

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